Photo: Entrevue avec Annick Ouellet pour TÈ BIC 

Qu’est-ce que la démarche chorégraphique-documentaire?

Rhodnie Désir, chorégraphe et directrice artistique de RD Créations a développé un tout nouveau langage de création. Il se nomme chorégraphie-documentaire. La chorégraphie-documentaire s’inscrit comme une nouvelle approche qui part de la rencontre pour arriver à la création chorégraphique. Ces rencontres se font sous forme d’entrevue avec, ce qu’elle nomme, des porteur.se.s de mémoires. Ces personnes sont des spécialistes de tout horizon : histoire, ethnomusicologie, sociologie, enseignement, travail social, psychologie, anthropologie, créolité, géographie, politique, droit, science… tout simplement des citoyen.ne.s qui partagent leur histoire et leur savoir. Ces échanges permettent alors à l'œuvre d’émerger à partir de la récolte de ces témoignages citoyens. 

Le fruit de ces rencontres vient alors nourrir et inspirer la chorégraphe qui déploie l’accumulation de ses nouveaux apprentissages par le mouvement. Un mouvement qui se fait d'abord rythmiquement, en collaboration avec un.e musicien.ne local.e et qui permet de retranscrire l’essence de ces témoignages sous forme de rythme. S’inspirant du travail du.de.la musicien.ne la chorégraphe développe alors un travail de collaboration artistique ou chacun.e apporte sa créativité et son expertise dans son propre domaine. Dans la pratique de Rhodnie Désir, la tradition orale comme le tambour sont porteurs de messages; ils incarnent les piliers de sa vision artistique : corps, savoirs, polyrythmie, cercle, recréation, spiritualité, rencontres, legs.

Ainsi, de cette collaboration naît alors une première gestuelle, issue de ce partage de créateur.trice.s. Puis sous forme de chorégraphie, Rhodnie Désir vient cristalliser, à travers le corps, toutes ces rencontres et cette collaboration musicale. Une nouvelle œuvre voit ainsi le jour. Le geste s’ancre alors dans le territoire dans lequel il a été créé, il devient hommage et mémoire.